Etudes de Philologie et d'Histoire
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L’essai d’Ullrich Langer relie trois domaines fondamentaux de la culture lettrée française au seuil de la modernité: la rhétorique humaniste de l’éloge, la théorie des vertus et le monde mimétique de la littérature. Au fil des pages, le lecteur se familiarise avec le savoir moral de la Renaissance et son rapport aux exemples illustres de l’Antiquité. En relisant, entre autres, les œuvres de Marot, Rabelais, Marguerite de Navarre, Ronsard et Montaigne, il découvre comment la pensée éthique et les stratégies littéraires s’influencent réciproquement. Lier morale et littérature, c’est, en cette fin de millénaire, une des exigences vivifiantes du monde intellectuel. Dès le XVIe siècle, l’exigence éthique, confortée par le pouvoir des mots, s’impose comme une priorité. Elle touche aux questions les plus urgentes de la civilisation: la gestion de la violence, la conduite des échanges humains, la maîtrise des contingences, la modération du corps personnel et du corps politique. Un parcours humaniste neuf et plein d’avenir.
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On place volontiers certains phénomènes au seuil de la modernité: la première vague d’un scepticisme perturbant toutes les habitudes intellectuelles; des mutations radicales dans le champ des croyances religieuses; l’émergence d’un moi laïque; l’apparition de formes narratives inédites et de nouvelles manières de lire. Ces phénomènes sont saisis au stade de leur pré-histoire. On s’interroge sur leur statut et leur sens à une époque où la forme que nous leur connaissons n’est pas encore atteinte. Cette enquête est menée à travers une série de textes «littéraires» (Rabelais, Montaigne surtout) et discursifs (Henri Estienne, Jean Bodin). Dans chaque domaine, des perturbations textuelles sont interprétées comme l’indice dune angoisse épistémologique, ontologique ou axiologique. Le dépistage d’un «trouble» permet de localiser une région problématique de la perception, une fêlure dont l’auteur et ses contemporains ne sont peut-être pas pleinement conscientsmais qu’ils ressentent comme un malaise. Les études réunies ici ressortissent à une poétique tournée vers l’histoire; elles cherchent à restituer la forme fragmentaire d’une expérience perdue.
Extraits d'un article paru dans "The Times Literary Supplement" du 20 août 99: EARLY STIRRINGS. "The careful probing of chronology and intertextual reference, and the often brilliantly telling juxtaposition, are there to provide an overall picture of germination, stirring, birth. (...) Just as birth is accompanied by labour-pains, so this is an intensely demanding book to read". Peter Bayley
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Irena BACKUS,
E.M. BRAEKMAN,
Christoph BURGER,
O. CARPI-MAILLY,
Max ENGAMMARE,
Marie-Madeleine FRAGONARD,
Jean-François GILMONT,
Francis HIGMAN,
Frank LESTRINGANT,
P. LIENHARDT,
Viviane MELLINGHOFF-BOURGERIE,
Daniel MÉNAGER,
J.E. OLSON,
A. PETTEGREE,
Michel REULOS,
Bernard ROUSSEL,
Y. TATARENKO,
Mario TURCHETTI,
Frans Pieter VAN STAM
Ce volume présente une grande diversité d'approches sur la personne et l'œuvre du réformateur français. L'histoire religieuse occupe évidemment la première place, mais elle s'enrichit de la philologie, de l'histoire du livre et du droit, ou des rapports de spécialistes plus spécifiquement littéraires. On a voulu que l'attention prêtée à l'homme et à son œuvre, à la genèse et au développement de celle-ci, s'appuie sur l'étude des rencontres biographiques et intellectuelles, des discussions, des collaborations, des influences et des ruptures qui rapprochent, distinguent le réformateur de ses contemporains, ou l'opposent à eux. L'élargissement du cadre historiographique, si sensible dans les études calviniennes de ces dernières décennies, en direction des réseaux sociaux et institutionnels, ou des questions liées aux moyens et aux supports de la communication (écriture, prédication, livre imprimé) va ainsi de pair avec la mise en relief du rôle et de la physionomie individuelle du réformateur. Il en ressort l'image d'un réformateur, certes exclusiviste dans certains de ses choix, mais dont la pensée manifeste aussi une capacité d'adaptation polymorphe.
Avant-propos de Olivier Millet. Articles de O. Carpi-Mailly, F.P. van Stam, M. Turchetti, F. Higman, M. Engammare, E.M. Braekman, J.E. Olson, D. Ménager, J.-F. Gilmont, Y. Tatarenko, Ch. Burger, I. Backus, M.-M. Fragonard, B. Roussel, M. Reulos, P. Lienhardt, V. Mellinghoff-Bourgerie, F. Lestringant et A. Pettegree.
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Les humanistes et les poètes de la Renaissance s’approprient le discours érotique de l’Antiquité pour le transformer en une érotologie littéraire et artistique dont l’empreinte sur la civilisation européenne a laissé des traces profondes. Fruits du colloque “Eros and the Erotic in neo-Latin Literature” tenu à Clare College, Cambridge, en septembre 1995 les essais rassemblés ici cherchent à relancer le débat sur le traitement de l’érotisme, de ses images et de ses lieux communs, de l’admiration quasi platonicienne à l’obscénité. Le champ couvert est celui de la littérature néo-latine, d’Enea Silvio Piccolomin jusqu’aux expériments poétiques latins d’Arthur Rimbaud. I.A.R De Smet & Ph. J. Ford, Préambule - J.-L.Charlet, Eros et érotisme dans la Cinthia d’Enea Silvio Piccolomini - B. Mesdjian, Eros dans l’Eroticon de T. V. Strozzi - A.Stewart, The Singing Boy and the Scholar: the Various Deaths of Politian - P. J. Ford, Jean Salmon Epithalamiorum Liber and the Delights of Conjugal Love - I. A. R De Smet, Innocence Lost, or the Implications of Reading and Writting (Neo-) Latin Prose Fiction - G. Berger, Dialogue-éros-libertinisme, ou comment l’esprit vient aux filles - R. De Smet, Hadrian Beverland’s De fornicatione cavenda: an adhortatio ad pudicitiam or ad impudicitiam - G.H.Tucker, Rimbaud’s (un)Holy Family? Metrics and Obscenity in Tempus erat ... re-visited.
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Lorsque Calvin entreprend sa réforme religieuse, il fait appel à différents moyens de communication : le sermon, la correspondance, le livre. Quelle place accorde-t-il cependant à l’imprimerie pour assurer le rayonnement de son message ? Cette question suppose une enquête approfondie sur les relations que Calvin entretient avec le livre : les genres littéraires qu’il a illustrés; les raisons qui l’ont poussé à prendre la plume; la langue utilisée (latin et français) et les publics visés; plus concrètement encore l’organisation de son cabinet de travail et les relations avec ses imprimeurs et libraires. Il convient également de s’interroger sur sa bibliothèque et sur ses lectures, celle de la Bible et celle des auteurs anciens et contemporains. Comment intègre-t-il ses lectures dans son œuvre écrite ? Dernier volet de l’enquête: la censure. Comme les auteurs et les imprimeurs sont étroitement contrôlés à Genève, Calvin peut-il imprimé impunément tout ce qu’il veut ? Joue-t-il le jeu de la censure ? Pour mener l’enquête, Jean-François Gilmont tire profit de sa connaissance approfondie tant de la bibliographie calvinienne que de son œuvre, jusqu’à la correspondance relue à nouveau frais. Son étude, qui nous donne une image extrêmement vivante et parfois inattendue de Calvin, offre de nouvelles perspectives sur le Réformateur, sur son action pastorale et même sur son style et sa théologie.
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J.-C. Margolin, “Introduction”; J. Tedeschi, “A new Perspective on the Roman Inquisition”; P. Grendler, “Intellectual Freedom in Italian Universities: The Controversy over the Immortality of the Soul”; L. Valcke, “La condamnation de Jean Pic de La Mirandole. Réévaluation des enjeux”; J.K. Farge, “Early Censorship of Printed Books in Paris: New Perspectives and Insights”; F. Higman, “Luther, Calvin et les docteurs”; J.-F. Gilmont, “La place de la polémique dans l’œuvre écrite de Calvin”; P. G. Bietenholz, “The Index of Rome and the dilemmas of Catholic Reformers in Southern Germany”; J.M. De Bujanda, “L’exercice de la censure de l’Inquisition portugaise au XVIe siècle”.
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Le cas de la possession diabolique de Nicole Obry, jeune femme miraculeusement guérie en 1566 à Laon par « le corps de notre Seigneur » dans l'eucharistie secoua les plus hautes sphères politiques et ecclésiastiques, en France et à l'étranger. Les premiers récits du miracle, celui de Guillaume Postel, publié en latin sous le pseudonyme de « Petrus Anusius Synesius », et celui en cinq langues de Jean Boulaese, émule et secrétaire de Postel, parurent déjà la même année. Postel voyait dans le miracle l'annonce de la Concorde universelle, ce qui l'amena à envoyer Boulaese en Espagne, avec sa brochure en cinq langues, chercher le soutien de Philippe II pour l'impression de la Bible en arabe. Document de première importance pour l'histoire culturelle de l'époque des Guerres de religion, les deux récits paraissent ici pour la première fois dans une édition critique, accompagnée de la traduction française du récit latin, d'une introduction, de notes et d'une reproduction de l'unique exemplaire connu de la gravure imprimée en 1566 pour illustrer Le Miracle « en cinq langues ».